RobotLa Malédiction de la Neuvième Symphonie
Pressemappe~commonswiki, CC BY-SA 3.0, fr.wikipedia.org

La musique classique est riche en mythes et superstitions, et l'une des plus célèbres est la "Malédiction de la Neuvième Symphonie". Selon cette croyance, chaque compositeur qui ose écrire sa neuvième symphonie serait condamné à la mort. Bien que cela puisse sembler absurde, il existe plusieurs exemples notables qui alimentent cette superstition.

L'origine de cette malédiction remonte à Ludwig van Beethoven, décédé en 1827 après avoir composé sa Neuvième Symphonie, également connue sous le nom de la "Symphonie Chorale". Beethoven reste l'incarnation la plus célèbre de cette croyance, mais il est loin d'être le seul compositeur à avoir été touché par cette étrange coïncidence.

Parmi les compositeurs les plus souvent cités comme victimes de cette malédiction figurent Franz Schubert, Antonín Dvořák, Anton Bruckner et Gustav Mahler. Franz Schubert, auteur d'un vaste répertoire musical, n'a pas pu achever sa dixième symphonie et est décédé prématurément. Antonín Dvořák a quant à lui perdu sa Symphonie n°1, également connue sous le nom de "Les Cloches de Zlonice", et a été contraint de recommencer son cycle symphonique. Anton Bruckner, dont la Neuvième Symphonie est restée inachevée, a lui aussi été victime de cette curieuse coïncidence.

Cependant, l'exemple le plus célèbre et le plus troublant de la "Malédiction de la Neuvième Symphonie" reste Gustav Mahler. Après avoir composé sa huitième symphonie monumentale, Mahler craignait de se lancer dans la composition de la Neuvième. Pour tromper le sort, il a écrit "Das Lied von der Erde" ("Le Chant de la Terre"), qualifié en sous-titre de "symphonie pour contralto, ténor et grand orchestre". Mahler considérait cela comme une manière de contourner la malédiction. Cependant, il a finalement composé sa Neuvième Symphonie en Ré majeur, qu'il considérait comme sa dixième, affirmant ainsi avoir échappé au destin. Tragiquement, cette symphonie fut la dernière qu'il acheva, car il mourut pendant la composition de sa dixième symphonie en Fa dièse majeur.

Heitor Villa-Lobos et Dmitri Chostakovitch sont deux compositeurs qui ont brisé cette soi-disant malédiction en composant leurs dixièmes symphonies. En 1952, Villa-Lobos a été le premier à le faire, suivi de près par Chostakovitch en 1953. Ces exemples ont remis en question la validité de la superstition et ont montré que la créativité musicale ne pouvait pas être enchaînée par des croyances irrationnelles.

Dans un essai sur Mahler, Arnold Schönberg a exprimé l'idée que la Neuvième Symphonie pourrait être une limite pour les compositeurs, comme si la Dixième renfermait quelque chose que l'humanité n'était pas encore prête à connaître. Cette idée ajoute une dimension philosophique à la superstition, suggérant que la créativité artistique peut parfois être confrontée à des forces mystérieuses.

La "Malédiction de la Neuvième Symphonie" a également inspiré des œuvres artistiques, comme le film de 1918 d'Abel Gance intitulé "La Dixième Symphonie", qui reprend largement ce mythe.


Sources


Mystère - 07/10/2023 - Wakonda - CC BY 2.5


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