RobotLyon, une ville spirituelle ?
Gonedelyon, CC BY-SA 3.0, fr.wikipedia.org

Lyon est connue pour son patrimoine historique, culturel et gastronomique. Mais la ville cache aussi un autre visage, plus mystérieux et intrigant. Celui du spiritisme, cette doctrine qui affirme la possibilité de communiquer avec les esprits des défunts. Depuis le XIXe siècle, Lyon a été le berceau ou le passage de personnalités, de groupes, d’institutions et de détracteurs liés au spiritisme. Quels sont ces liens entre la capitale des Gaules et le monde invisible ? Quels sont les lieux, les événements, les témoignages qui illustrent cette histoire méconnue ? C’est ce que nous allons vous révéler dans cet article.

Des précurseurs du spiritisme à Lyon

Le spiritisme est un néologisme créé par Allan Kardec, un pédagogue français qui publia en 1857 Le Livre des Esprits, considéré comme le texte fondateur de la doctrine spirite. Mais avant lui, d’autres auteurs avaient déjà abordé des thèmes similaires, comme la préexistence et la survivance de l’âme, la réincarnation, la pluralité des mondes habités, la communication avec les esprits. Parmi eux, on trouve des lyonnais, comme Jean Reynaud, un philosophe qui publia en 1854 Terre et Ciel, un ouvrage qui exposait sa vision cosmologique et spiritualiste.

Lyon était aussi une ville propice au magnétisme, cette pratique qui consiste à utiliser le fluide vital pour soigner ou provoquer des états de somnambulisme. Certains magnétiseurs, comme Alphonse Bouvier, étaient convaincus que pendant le somnambulisme, l’âme humaine pouvait entrer en contact avec les entités angéliques. Le magnétisme fut une des sources d’inspiration du spiritisme, qui reprit l’idée du fluide universel et de la médiumnité.

Lyon fut également le siège de mouvements ésotériques et occultistes, qui s’intéressaient aux sciences secrètes, aux symboles, aux rituels, aux initiations. Au XVIIIe siècle, le soyeux Jean-Baptiste Willermoz, un des personnages centraux de la franc-maçonnerie française, fonda à Lyon la loge du Rite écossais rectifié, inspiré par les enseignements de Martinès de Pasqually et de Louis-Claude de Saint-Martin, deux maîtres du martinisme, une doctrine qui prônait la réintégration de l’homme dans son état originel3. D’autres francs-maçons célèbres, comme Cagliostro, séjournèrent à Lyon et y laissèrent leur empreinte.

Des acteurs du spiritisme à Lyon

Allan Kardec se rendit à Lyon à deux reprises, en 1860 et en 1864, pour y donner des conférences et rencontrer les adeptes du spiritisme. Il fut accueilli avec enthousiasme et respect par les lyonnais, qui lui témoignèrent leur foi et leur reconnaissance. Un message attribué à un esprit lui dit : "Si Paris est la tête, Lyon sera le cœur". Kardec fut impressionné par le dynamisme et la diversité du mouvement spirite lyonnais, qui comptait des groupes, des sociétés, des revues, des librairies, des orphelinats, des hôpitaux, des écoles, des œuvres de charité, inspirés par la doctrine spirite.

Parmi les personnalités qui marquèrent le spiritisme à Lyon, on peut citer :

  • Jean-Baptiste Ravier, un médecin et un philanthrope, qui fut le premier président de la Société lyonnaise des études psychologiques, fondée en 1858, et qui publia plusieurs ouvrages sur le spiritisme, dont Le Spiritisme devant la science, en 1865.
  • Pierre-Gaëtan Leymarie, un journaliste et un éditeur, qui fut le successeur d’Allan Kardec à la tête de la Revue spirite, et qui fut condamné en 1875 pour avoir publié des photographies spirites, censées représenter des esprits.
  • Léon Denis, un philosophe et un écrivain, qui fut un des principaux continuateurs du spiritisme après la mort de Kardec, et qui publia de nombreux ouvrages, dont Après la mort, en 1890, et Le Problème du bien et du mal, en 1908.
  • Gabriel Delanne, un ingénieur et un écrivain, qui fut un des pionniers de la recherche scientifique sur le spiritisme, et qui publia des ouvrages, dont Le Phénomène spirite, en 1896, et L’Âme est immortelle, en 1899.
  • Camille Flammarion, un astronome et un écrivain, qui fut un des premiers à étudier les phénomènes paranormaux, et qui publia des ouvrages, dont La Pluralité des mondes habités, en 1862, et L’Inconnu et les problèmes psychiques, en 1900.

Des lieux spirituels à Lyon

Lyon possède plusieurs lieux qui témoignent de son histoire spirituelle, et qui sont parfois le cadre de manifestations paranormales. Parmi eux, on peut citer :

  • Le mémorial Allan Kardec, situé au cimetière de la Guillotière, où repose le fondateur du spiritisme, décédé à Paris en 1869. Le monument, inauguré en 1870, porte l’inscription : “Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la loi”. Il est régulièrement fleuri et visité par les admirateurs de Kardec.
  • Le lac souterrain de Fourvière, situé sous la colline de Fourvière, où se cache un réservoir d’eau, creusé au XIXe siècle, pour alimenter les fontaines et les canaux de Lyon. Ce lac artificiel, d’une superficie de 8000 m2, a aussi servi de décor à des rites occultes et à des expériences scientifiques. Au début du XXe siècle, un groupe de spirites y organisait des séances de spiritisme, pour tenter de communiquer avec les morts. Depuis, le lac souterrain de Fourvière est fermé au public, et seuls quelques initiés peuvent y accéder. Certains prétendent avoir entendu des voix, des pleurs ou des rires dans les profondeurs.
  • Le musée des Beaux-Arts, situé place des Terreaux, qui abrite des œuvres d’art de toutes les époques. Mais ce musée fut autrefois un couvent, où se déroulèrent des scènes de débauche et de violence. Au XVIe siècle, les religieuses qui y vivaient avaient des mœurs légères, et transformèrent le lieu en un véritable bordel. Le roi, scandalisé, fit exclure la plupart d’entre elles, et les remplaça par des bénédictines. L’une d’elles, Alix de Tézieux, mourut dans la misère quelques années plus tard. Depuis, certains visiteurs du musée affirment avoir vu son fantôme, vêtu de blanc, errer dans les salles ou dans le cloître.
  • Le Château Perrache, situé à proximité de la gare de Lyon-Perrache, qui impressionne par son architecture néo-gothique et son imposante façade. Mais derrière ses murs, se cache un passé sombre et sanglant. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château fut réquisitionné par la Gestapo lyonnaise, dirigée par le sinistre Klaus Barbie. Des centaines de résistants et de juifs y furent torturés et exécutés, dans des conditions atroces. Depuis, certains témoignent avoir entendu des cris, des grattements ou des bruits de pas dans les couloirs. D’autres affirment avoir vu des silhouettes, des ombres ou des visages sur les murs. Le Château Perrache serait-il hanté par les fantômes de ses victimes ?

Lyon, une ville spirituelle ? La question mérite d’être posée, tant la ville a été le théâtre ou le témoin de phénomènes et de courants


Sources


Spiritisme - 26/11/2023 - Wakonda - CC BY 2.5


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