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La Vertu ne va jamais seule ; elle attire toujours des imitateurs.
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SpellsProfession de foi sur la douleur et sur l'origine du mal

Alexandra_Koch, Pixabay, pixabay.com

Je vous remercie, ô mon Dieu , de m'avoir fait naître chrétien et de m'avoir appris, dès mon enfance, quelle est l'origine du Mal ici-bas. Tout autour de moi, j'aperçois beaucoup de mes frères qui hésitent, qui doutent, qui discutent sur ce douloureux problème. Il en est même qui vont jusqu'à vous blasphémer, parce qu'ils ne vous connaissent pas.

Tout petit enfant, je savais déjà que Dieu est le Bien suprême comme il est le Beau idéal et la Vérité absolue. Ma mère et l'Église me l'avaient dit, et, de mes petites lèvres, je répétais leur céleste enseignement.

C'est la créature libre qui a fait le Mal : oui, c'est le Démon là-haut, et c'est l'Homme sur la terre. Le Mal est le résultat de notre libre arbitre qui a été fort légitimement éprouvé par notre Dieu.

Mais, à vrai dire, le Mal n'existe pas : car il est seulement la négation du bien. Et la négation n'a pas d'existence.

Placé dans les incomparables délices d'un Paradis non mérité ; enveloppé dans les rayons de la lumière divine ; entouré de la nature radieuse, obéissante et pacifique ; en conversation journalière avec les Anges et surtout avec Dieu qui s'était fait son maître de théologie et de science universelle, le premier homme fut soumis à une épreuve. Placé entre le devoir et la négation du devoir, il préféra cette négation. Son crime fut le plus grand de tous les crimes.

Adam était en quelque manière un Dieu par communication : il voulut être Dieu par essence. Il tomba, il fut châtié.

Cette révolte de notre père qui, dans la plénitude de son libre arbitre, refusa l'obéissance à son Dieu, cette révolte, Seigneur, est l'origine du Mal moral sur la terre.

Et le trop juste châtiment que Dieu infligea au premier homme et qui consiste dans le travail, la souffrance et la mort, ce châtiment est l'origine du Mal physique parmi nous.

Mais Adam dut communiquer à ses enfants sa nature dégradée : une âme qui connaissait le Mal moral, un corps qui était frappé par le Mal physique. Et tel est l'héritage que nous avons recueilli.

Voilà pourquoi, Seigneur, le Péché existe sur la terre, et avec le Péché le remords, le repentir, la tentation, le doute et toutes les angoisses de l’âme. Voilà pourquoi la Mort existe parmi nous, et avec la Mort la maladie, les séparations, les larmes, toutes les souffrances du corps. Voilà la source unique de ce double fleuve qui, depuis plus de six mille ans, emporte toute la race humaine.

Je sais, je vois, je crois, ô mon Dieu. Une telle doctrine m'attriste, si je songe à la sévérité divine, à la faute et au châtiment d’Adam ; elle me console et relève si je pense à la liberté de mon âme et à la justice de mon Dieu …

Cependant la Mort et le Péché pesaient sur nous, et nous accablaient. Or, l'homme ne peut par venir à la béatitude que pur ou purifié. Pur, il ne l’était plus : il fallait donc qu'il fût purifié.…

C'est alors, ô mon Dieu, que vous avez accompli parmi nous le chef-d’œuvre de votre sagesse et de votre amour. Voyant que la Mort était le châtiment du Péché, vous avez voulu prendre les apparences du Péché et mourir. Voyant que la souffrance nous était imposée, vous avez voulu souffrir. Il nous reste à vous imiter.

« L'IMITATION DE JÉSUS-Christ : » ce n'est pas en vain, Seigneur, qu'un génie inconnu a pris ces mots pour titre d'un chef-d’œuvre profondément évangélique. Ils sont le résumé le plus scientifique de tout le Christianisme. Par un plan sublime et véritablement divin, le Fils de Dieu s'est revêtu de la souffrance et de la mort. Comme il les a subies avant nous, la souffrance et la mort ont été sanctifiées et sont devenues véritablement délicieuses. Plus nous souffrons, plus nous serons heureux au ciel. Et nous pouvons nous écrier : Felix culpa quæ talem meruit redemptorem.

Lors donc que nous serons accablés par la douleur ; lorsque la maladie nous étreindra cruellement ; lorsque la mort allumera chez nous ses flambeaux ; lorsque le berceau de nos enfants sera touché par elle ; lorsqu'elle tranchera les liens qui unissent nos âmes à tant d'âmes si chères ; lorsque nous sentirons nous mêmes la sueur froide de l'agonie, disons-nous : « C'est la Béatitude qui s'approche et qui descend sur nous ; c'est la Vie, c'est le Salut, c'est le Ciel ! »

Et puissions-nous, par cette acceptation de la souffrance et de la mort, arriver, grâce à l'intercession de tous les saints, à la Joie et à la Vie qui n'ont pas de fin ! Amen.


Source

  • Le livre de tous ceux qui souffrent, Léon Gautier

Catholicisme - Foi - 9 octobre 2022

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